Qui est la Rose ? Cette chanteuse de rock, de la fin des années 60, a connu une carrière fulgurante qui l’a propulsée au firmament des superstars. Épuisée par la vie des tournées, elle a décidé de donner son dernier concert dans sa ville natale, un bled perdu du Texas. Elle veut quitter la scène, se reposer deux ans, le temps de reprendre son souffle. Nous, nous savons déjà que ce concert sera le dernier pour de bon : car la Rose ressemble comme une sœur à celle qu’on baptisa Pearl (la Perle), l’inoubliable Janis Joplin. A travers ce portrait indirect quoique précis, où Bette Midler incarne le double imaginaire de Janis, c’est un hommage à cette époque d’explosion culturelle et musicale, les années-charnières de l’après 68, marquées par l’effervescence psychédélique et par le mouvement contre la guerre du Vietnam. Cette époque évoquée récemment par un autre film baigné de nostalgie : « Les copains d’abord ». Silhouette poignante avec son large chapeau, ses lunettes, sa crinière de lionne ébouriffée, son sac garni d’une bouteille de scotch, Bette Midler a une présence incontestable – qui culmine dans les scènes de concert, filmées de maître par Mark Rydell. Sa voix est à la hauteur, et sa sincérité force l’émotion.
La fièvre du samedi soir
« How deep is your love », « Night fever », « Staying alive », « More than a woman »..: toute la splendeur du disco grace aux Bee Gees ! Six ans après sa réalisation, »La fièvre du samedi soir » n’a rien de la pièce de musée et montre définitivement que le film est tout sauf un produit-mode. Les temps musicaux ont changé et John Travolta est devenu une superstar. Mais « La fièvre du samedi soir » reste un film musical d’une rare efficacité. John Badham (à qui l’on doit, cette année, »Le tonnerre de feu » et « Wargames ») a construit un conte de fées intemporel : la réalisation de l’individu dans la danse. Son héros, Tony Manero a 19 ans. Pris entre une famille catholique italienne étouffante d’amour et un emploi sans avenir dans une quincaillerie, il va s’accomplir par l’épanouissement du corps. Ni la flash dance, ni le smurf… le disco. En 1978, c’était la mode. Tony exprime son désir d' »éclater » sur une piste de danse balayée par des spots colorés et des lumières clinquantes. Pour cette apothéose, ce moment de bonheur qui fait oublier toute les médiocrités du quotidien, Tony se prépare… comme l’officiant d’un cérémonial. Tony se parfume, met en place sa chevelure, endosse son costume le plus seyant, accroche à son cou sa chaîne (où le crucifix voisine avec la griffe de tigre). Et la caméra lui donne toute sa majesté en le filmant en contre-plongée. On est en plein mythe. Tony est devenu le nouveau Cendrillon. Dans la discothèque, il trouve sa « princesse charmante ». Celle qui, quelque part, va l’inciter à échapper à sa condition. Celle qu’il doit séduire par la danse et avec qui il doit communiquer par le corps. Là est la vraie dimension du film et là est sa force. « La fièvre du samedi soir » a permis à John Travolta beaucoup plus que d’imposer son fameux déhanchement. Le film a fait de lui le modèle des aspirations romantiques du public des moins de 25 ans.