Ils n’ont plus que quelques jours à passer dans leur bunker sous-marin, on comprend qu’ils attendent la quille avec impatience, ces travailleurs de la mer. C’est le moment que choisit une «chose» mystérieuse pour s’immiscer dans la station. Hyper-dangereuse, la chose en question contamine un à un les membres de l’équipe, provoquant une horrible mutation. Les mauvaises langues diront que si vous avez vu «Alien», c’est comme si vous aviez vu «Léviathan» — il suffit de remplacer l’espace interstellaire par les profondeurs océanes. Ceci n’est qu’à moitié vrai. Car le monstre dénommé Léviathan, ce démon biblique des abysses, l’emporte en originalité : dès qu’il prend le dessus sur un humain, il l’englobe, et celui-ci devient une partie de cette terrifiante «accumulation d’Arman» de l’horreur. On voit ainsi les têtes déformées de ses victimes, encore «vivantes», véritables damnés de Dante hurlant et implorant qu’on abrège leur supplice. Pour le reste, il est vrai que le schéma du film de George Pan rappelle celui de Ridley, autant par ses décors, que par le comportement de l’équipage et celui des commanditaires cyniques et sans scrupules de l’opération. L’efficacité bien connue du cinéaste tourne à plein régime.
Embrasse-moi vampire
Si les diamants sont éternels, les vampires ne le sont pas moins… C’est pourquoi, sans doute, tandis que tant d’autres vieux mythes légendaires s’effritent lamentablement, les histoires de vampires se multiplient, s’adaptent, et perpétuent l’ancienne terreur. Après «Les prédateurs» avec David Bowie, après «Vamp» avec Grace Jones et «Neardark» de Kathryn Bigelow, voici encore un vampire très actuel, interprété par Nicolas Cage. Ce jeune cadre célibataire, noceur et séducteur, fait la rencontre, au cours d’une folle nuit, d’une belle mystérieuse (la géniale Jennifer Beals, déjà très «fantastique» avec «La promise») dont la crinière d’ébène et les porte-jarretelles de soie cachent, une vampire ! Au moment de l’étreinte, elle lui plante ses crocs au creux du cou. Et voilà que notre garçon commence à se transformer, devient impossible au bureau, avec des crises hystériques, s’enferme dans le noir, etc. Or il y a un doute et si sa conquête n’existait que dans son imagination? Si son «vampirisme» n’était qu’une sorte de schizophrénie galopante? La mise en scène de Bob Bierman maintient juste ce qu’il faut d’ambigüité pour que cette hypothèse ne paraisse jamais absurde, et on y croit, et on marche. Il faut dire que Nicolas Cage est dément en vrai-faux vampire, Jennifer Beals ravissante comme toujours, le tout très smart et très humour.