Pourtant, à sa sortie, en 1973, « Le parrain n° 1 » fait un triomphe public immédiat. A 33 ans, Coppola devient une star. Son film rapporte 142 millions de dollars. Lors du premier tournage, il touche 6 % des recettes. Pour la suite, ce sera 15 %. Entre temps, il aura réalisé, dans un style plus intimiste, « Conversation secrète », Palme d’or à Cannes, en 1973. Enfin, lors de la quarante-septième remise des Oscars, à Hollywood, en 1975, « Le parrain n° 2 » rafle six récompenses : meilleur film, meilleur second rôle pour Robert de Niro, meilleure mise en scène, meilleure partition musicale (Nino Rota et Carmine Coppola), meilleurs décors (Dean Tavoularis et Angel Graham). Film-date dans le cinéma des années soixante-dix, « Le parrain » marque aussi le moment où Coppola commence à se prendre pour Coppola.Oscars Avec le recul, on voit qu' »Apocalypse now » était en gestation dans « Le parrain ». Même construction quelquefois heurtée, seule capable de traduire la violence, même mise en scène coup de poing, même alternance de plans à courtes focales et de séquences utilisant de longues focales. Coppola réussit cette gageure d’offrir au spectateur une œuvre, accessible immédiatement, mais qui présente pourtant une écriture élaborée, allant jusqu’à la sophistication. Même si cette imagerie, parfois complaisante et un peu idyllique sur les contradictions de l’âme sicilienne, font réagir encore ceux qui, de nos jours, accusent la Mafia d’être, à la fois, au centre du trafic de la drogue et au cœur du mystère de l’assassinat de Robert Kennedy. Il est vrai, Coppola n’a pas lésiné sur le folklore. Foisonnant, « Le parrain » est une fresque haute en couleur. Les séquences du mariage de la fille de Corleone, les fiançailles. A la sicilienne, les jeux de Brando et de son petit-fils, tout comme la première communion sont de grands morceaux de bravoure. Et la reconstitution de la petite Italie mérite, à elle seule, le détour. Coppola disait d’ailleurs : « J’ai mis tout mon cœur dans la reconstitution de vieilles rues de New York des années 1900, de la vie de tous les jours. »Enfin, ce « Parrain » met en présence plusieurs acteurs qui seront les « grands » de la nouvelle génération, les de Niro, Al Pacino ou Keaton… Des épisodes qui sont, donc, à magnétoscoper pour conserver cette réflexion sur le pouvoir. » Les drames, déclare Coppola, ont toujours tourné autour du personnage qui détient. le pouvoir, qu’il soit le chef, le roi… C’est peut-être à travers cette forme de drame que nous parvenons le mieux à nous comprendre. Peut-être parce que nous dépassons ainsi le sentiment de notre impuissance et de notre insignifiance ». Un « Parrain n° 3 » avait été annoncé. Et puis Coppola avait renoncé à cette suite dans laquelle John Travolta aurait dû être le fils d’Al Pacino et de Diane Keaton. A quand « La Mafia du samedi soir » ?

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